Collectif des équiciens

Je travaille à mi-temps  en tant qu'équicenne dans l'association "Chemins de Traverse" dont je suis membre fondatrice avec Laetitia Lanotte, que la formation Handicheval m'a permis de rencontrer.

http://cheminsdetraverse.blog4ever.com/blog/index-536115.html

Nous louons 3 jours par semaine les infrastructures et les poneys d'un centre équetre classique. Nous travaillons régulièrement les 12 chevaux et poneys mis à notre disposition pour assurer sécurité et partenariat agréable.

Nous accueillons à ce jour 9 groupes de manière hebdomadaire, et un mensuel, en majorité des adultes. Nous rencontrons des personnes ayant des problèmes moteurs, mentaux ou sensoriels.

Nos séances sont avant tout basées sur la création d'une relation avec le cheval et nos prenons le temps, à pied, de faire connaissances. Ainsi même les groupes qui montent à cheval commencent par du travail en liberté et en longe courte avant de de faire des sénaces montées.

Cette approche n'est pas toujours facile à faire accepter aux accompagnants qui dans un premier sont souvent septiques quand au "pouvoir" des chevaux à entrer en relation et à "bousculer les habitudes" des résidents. Les moments magiques qui jalonnent nos séances finissent toujours par les convaincre et tous se mettent à participer activement.

Je travaille actuellement en foyer de vie auprès de personnes adultes déficientes mentales avec des troubles associés.

Je suis monitrice-éducatrice .Le diplôme d’équicienne n’est , pour le moment, pas ma fonction première car je travaille au quotidien avec les personnes.

 Je propose aux résidents une activité nommée dans l’institution « Equitation adaptée ».

C’est une activité qui a lieu le lundi après-midi et le jeudi matin , une semaine sur deux.

Nous sommes accueillis dans un centre équestre à quelques kilomètres du foyer.

 Il existe, à ce jour , deux groupes bien distincts.

 A savoir un groupe de personnes cavalières (accompagnés par une monitrice d’équitation et moi- même) et un groupe de personnes approchant le cheval à pied (j’anime seule ce groupe).

 Dans chaque groupe, différents « ateliers »  sont proposés.

 Pour le groupe de cavalier ; ils montent à cheval, bien sûr mais pas seulement !!

Il leur est proposé des séances avec les chevaux en liberté, des séances en grande longe, où ils sont, à la fois, longeurs et longés.

 Pour le groupe des personnes dont l’approche du cheval se fait à pied ; cela peut se passer en simple longe et licol, aux longues rênes et en liberté.

 Les ateliers proposés sont adaptés aux capacités et difficultés de chacun.

Ils sont toujours en lien avec le projet de l’activité et plus spécifiquement avec le projet de chaque résident (constitué d’objectifs), dans l’activité.

Celui-ci se base sur le Projet Individualisé écrit avec le résident au sein de l’institution, la plupart du temps.

A chaque fin d’année scolaire, une évaluation des objectifs est proposée.

 Tous les chevaux qui accompagnent les résidents travaillent depuis longtemps avec nous.

 Pour ne citer qu’eux : Finland, Indienne, Poly, Circus … permettent aux résidents de prendre du plaisir, d’apprendre de nouveaux gestes et comportements qui leur permettent un mieux – être.

 Les deux groupes présentés ici sont constitués depuis quelques années.

Dans quelques mois, j’espère pouvoir proposer l’activité à des personnes avec qui je ne travaille pas au quotidien … c’est un « chantier » en négociation.

Sur l'air des acadiens de Michel FUGUAIN :

"Tous les équiciens, toutes les équiciennes

Vont aider, vont guider, avec l'équidé

Ils sont tous stagiaires et bien volontaires

tellement téméraires, qu'ils ont dit "j'adhère"

S'il n'est pas concret, réel et vérifiable

Ton projet, ton idée, tout va s'écrouler

La relation d'aide, comm'dit Isabelle

Tu peux y'arriver avec l'équidé

Les indicateurs comportementaux

T'éclair'ont, te guid'ront dans tes actions

et c'est pour cela qu'avec les personnes

c'est mains dans les crins qu'on suit son chemin"

Quand la rencontre avec ses pairs était trop difficile,   

Quand les échanges n'étaient que source de violence,

alors il restait à Alexandre UN possible :

la rencontre avec un autre

CHEVAL,

qui l'apaisait,

et permettait de retisser un lien.

 idéologie du projet,

ÉTHIQUE ET DÉMARCHE PHILOSOPHIQUE

 Donner la possibilité aux personnes accueillies de bénéficier d'une activité à médiation animale qui pourra les accompagner dans leur projet personnalisé.

Un projet de relation d'aide avec le cheval, à visée thérapeutique, éducative ou de loisir, peut à un moment, enrichir l'accompagnement dont la personne bénéficie dans son projet personnalisé.

Comprendre l'autre et pour cela donner la possibilité à ceux qui ne peuvent pas nous dire les choses de les exprimer tout de même avec l'aide désintéressée du cheval. Il nous reste alors le devoir, non pas d'interpréter, mais de transcrire les signes que le cheval nous donnera à voir ou à entendre, afin d'entendre enfin ce que l'autre a à nous dire.

ÉTAT DES LIEUX

 -depuis 4 ans, un groupe de 6 enfants se rend chaque semaine des périodes scolaires dans un centre équestre pour faire des activités adaptées avec le cheval.

Moyens humains : 1 monitrice d'équitation, 1 éducatrice de l'ITEP, 1 enseignante de l'ITEP.

 -depuis 1 an et demi, l'établissement accueille des chevaux mis à disposition ; l'établissement les nourrit et en prend soin. Les enfants nourrissent les chevaux pendant la semaine et des adultes volontaires et rémunérés prennent le relais le week-end. Aujourd'hui, 7 enfants sont responsables pour nourrir les chevaux la semaine. Ils se font souvent aider par un camarade.

Les week-ends et les vacances, 8 adultes sont régulièrement volontaires pour nourrir les chevaux.

A l'arrivée de chaque enfant à Saint Yves, une visite des parcs des chevaux est faite avec l'enseignante et des enfants. Les notions de base d'approche et de respect des chevaux sont vues avec chacun d'entre eux. Cela se fait par l'intermédiaire d'enfants déjà impliqués dans l'un ou l'autre des différents projets autour du cheval.

 - la monitrice qui met les chevaux à disposition vient faire monter les enfants 4 demi-journées par semaine. (24 enfants concernés)

 - l'enseignante fait des activités autour du cheval chaque fin de matinée (environ 1H15), avec les élèves de son groupe-e (5 enfants).

 - l'année dernière, l'enseignante, alors rémunérée par l'association, proposait des activités autour du cheval le mercredi matin, de 9H00 à 12H00 ; cela concernait différents enfants (environ 6, et pas forcément toujours les mêmes).

 - cette année, l'enseignante, toujours rémunérée par l'association, propose le mercredi matin 2 ateliers de 1H15 chacun avec des projets à visée éducative ; chaque atelier concerne 3 enfants ; pour chaque atelier il y a un projet de groupe pour l'année et 3 projets individualisés pour l'année.

 -plusieurs projets de transferts liés aux activités avec les chevaux ont été menés :

 -un projet éducatif avec pour objectif d'être capable de prendre soin de son cheval durant toute le semaine, dans tous les moments nécessaires pour le nourrir, le panser, mettre le matériel en place pour monter. Ce projet s'est déroulé cet été, dans les Alpes, durant 5 jours, avec 8 chevaux, 5 enfants et 3 adultes.

 -un autre projet du même type, mais couplé avec des activités de découverte de l'environnement. Ce projet s'est déroulé cet automne, dans le Luberon, durant 5 jours, avec 7 chevaux, 10 enfants et 4 adultes.

 -un projet est en gestation : partir à la rencontre d'autres paysages, d'autres cultures, d'autres manières de vivre avec, pour et par les chevaux, partager le quotidien d'une famille nomade en Mongolie.Ce projet pourrait se dérouler cet été, dans le désert de Gobi, durant 14 jours, avec 8 enfants, 5 adultes, des accompagnateurs, français et mongols, une famille nomades, un troupeau de chevaux...

 Perspectives de développement

 Différentes étapes :

ð  associer les différents services pour intégrer réellement le projet individualisé de l'enfant à son projet personnalisé, et clarifier les objectifs des différents types d'intervention proposés aux enfants avec le cheval.

ð ouvrir la proposition à d'autres établissements : dans un premier temps, se tourner vers les ITEP du groupement de coopération, et dans un second temps se tourner vers d'autres types d'établissements type IME, ESAT, Hôpital de jour, CATTP, maisons de retraite, CANTOU...

Sandrine Le Texier, enseignante spécialisée, équicienne du sud

ALICIA FOURNIER, monitrice éducatrice, Saint Jean de Bournay (38)

La formation d'Equicien permet d'appréhender, à la fois les handicaps et le cheval. Elle m'a permis d'apprendre ou d'approfondir mes connaissances dans ces deux domaines. C'est une formation riche en échanges et en émotions : elle remet en question sa pratique et, forcément, soi !

L'activité « cheval » se développe de plus en plus et cette formation, orientée sur la relation d'aide avec le cheval, remet en avant la place de la personne et du cheval dans cette activité à médiation.

A nous équiciennes, première promo 2010 !! D'aller de l'avant

DIANE MARTAUX, infirmière DE en pédopsychiatrie, La Réole (33)

Les dix équiciennes nouvelles sont arrivées, avec un métier, un syndicat et un projet professionnel. Nous avons acquis des savoirs être et des savoirs faire pour proposer et mener des projets d'activités de relation d'aide avec le cheval pour des publics en difficulté. Le respect et l'intégration des capacités de perception du cheval rentrent dans le dispositif de soin avec l'élaboration de critères d'observation. Equicien, c'est être un professionnel de la relation d'aide et du cheval. C'est créer des situations de rencontre où humains et chevaux se proposent d'avancer ensemble vers un mieux être. C'est pouvoir rendre compte du chemin parcouru par les personnes en difficultés.

Gwendoline FLUZIN, monitrice éducatrice et monitrice d'équitation, Saint Amé (88)

Le métier d'équicienne me permet de faire un pont entre mes deux formations initiales, il rend plus proche des personnes en difficultés grâce à nos partenaires chevaux.

La formation est une révélation sur le cheval, que j'ai cru connaître pendant 20 ans, c'est aussi une révélation sur soi. Elle est intense, riche en rires et émotions. Elle nous permet de créer un réseau de relation humaine (dans le sens noble du terme). Je la conseille à tous !!

ANNE BROUILLET, assistante sociale, Troyes (10) 

"la formation d'équicienne: quelle merveilleuse aventure humaine et équine! Une formation certes intense mais qui m'a permis de faire un réel cheminement personnel et professionnel; de découvrir et apprécier une relation d'aide extraordinaire avec nos partenaires CHEVAUX! Alors si vous hésitez, n'hésitez plus : rentrez en formation pour devenir équicienne.»

Equicien : ce mot a été inventé par mes soins et déposé en vue d’en protéger l’appellation. Il est construit à partir de la racine « equus » du latin cheval et le suffixe « ien » qui signifie profession.

L’équicien est un professionnel de la relation d’aide avec le cheval. Il s’inscrit dans le cadre des actions à médiation animale et construit son accompagnement sur la méthodologie de projet de l’action sociale (loi du 2 Janvier 2002, loi du 11 février 2005 rénovant et modernisant la loi de 1975 régissant l’organisation de l’action sociale).

Oser parler de nouveau métier dans un contexte sociétal qui cherche de nouveaux repères, c’est prendre un pari sur l’avenir. C’est prendre le risque de surprendre et de déranger. En effet, quand une situation est floue, cela peut être pratique puisque chacun peut faire ce qu’il souhaite et définir ses propres règles. Cependant, cela peut conduire à des confusions, des abus, voire des dangers.

Il est urgent de stopper la confusion, préciser les champs, les actions, les domaines de compétences et les qualifications.

Nommer un métier, c’est identifier des compétences caractéristiques en rapport avec ce métier (référentiel métier) et de mettre en regard des connaissances (référentiel formation) permettant d’accéder à une qualification.

Aujourd’hui, au vu des années de pratique, nous pouvons mettre en avant des aptitudes spécifiques à l’encadrement des personnes en situation de handicap avec des chevaux.

L’équicien s’appuie sur le projet de l’individu, soit directement en accord avec lui, si ses capacités cognitives et verbales le permettent, soit avec la famille, soit en partenariat avec l’équipe référente du sujet, soit avec un prescripteur médical, para-médical ou social. Il met à disposition, avec le cheval comme partenaire, des moyens en regard d’objectifs concrets réels et vérifiables. Pour ce faire, il s’appuie sur des indicateurs d’apprentissage et comportementaux précis en vue d’une évaluation rigoureuse permettant de réactualiser les objectifs initiés. C’est un professionnel de l’observation directe et non de l’interprétation. Ses conclusions ou synthèses émanent d’une analyse faite à partir de recueils de données.

L’équicien est avant tout un professionnel de l’action sociale et médico sociale. Il rassemble sous une seule identité professionnelle des compétences médico-sociales et équines. Il a des connaissances précises dans la relation humaine, la construction de l’individu, le comportement animal et la communication inter espèce. Sa formation repose sur des connaissances en éthologie scientifique, en psychologie, en anatomie, en communication tant dans le domaine humain qu’animal. Il est également cavalier confirmé.

Aujourd’hui, un certain nombre de croyances énoncées comme « vérité » participent d’une certaine confusion. Les actions de l’équicien ne relèvent pas d’une activité sportive mais d’une action médico-sociale.

Pour rappel ou information, le «moniteur» d’équitation est une personne habilitée à dispenser des apprentissages équestres, dans un but sportif ou de loisirs. Qu’il soit éducateur sportif : BEES1 ou animateur sportif : BPJEPS, il est habilité à faire passer des galops fédéraux (grades de progression édictés par la Fédération Française d’Equitation: Fédération française d’équitation : Fédération sportive régissant, par délégation des services de la Jeunesses et des sports, la réglementation sportive dans le domaine équestre ) et d’entraîner des publics à la compétition dans les diverses disciplines équestres.

Qu’ont en commun l’équicien et le moniteur ? Rien, sinon la présence du cheval. Le moniteur appelé aussi «enseignant» est un spécialiste des apprentissages équestres, alors que l’équicien est un spécialiste de la relation… Ils n’ont pas le même but ni les mêmes actions, ils peuvent par contre, tous les deux interagir avec le cheval avec des moyens similaires (activités) vers des finalités différentes.

Le professionnel de l’action sociale n’a pas dans sa formation d’enseignement des connaissances équines, tout comme le moniteur n’a pas d’enseignement en psychologie et développement de la personne. Ils n’ont ni l’un ni l’autre d’enseignement en éthologie (science du comportement et de l’observation).

Le métier d’équicien, est un métier à part entière, même si quelques notions se croisent avec les deux domaines précités.

Les actions avec le cheval, proposées aux personnes en situation de handicap existent depuis plus de trente ans. Aujourd’hui, celles-ci rentrent dans la catégorie des actions à médiation. Le mot le plus utilisé pour les représenter est le mot « équithérapie ». Ce mot apparaît erroné et souvent abusif. En effet, pourquoi ce mot contenant une notion de soin est-il indissociable de la personne en situation de handicap ? Une personne handicapée n’a-t-elle pas accès aux apprentissages et aux loisirs tout simplement ? Certes, mais pas dans n’importe quelle condition.

Le mot « équithérapie » est arrivé du champ du soin et reste du domaine thérapeutique. Le mot « thérapeute » employé relativement impunément dans certains domaines, bénéficie depuis peu d’une identité rigoureuse et la loi de Mai 2010 vient poser ces exigences quant à cette appellation.

Par ailleurs, ce mot est associé aux thérapeutes donc aux soignants, ce qui est loin d’être la majorité des professionnels de la relation d’aide. La relation d’aide se fait en réseau avec différents spécialistes de l’action sociale allant de l’aide sociale à l’aide éducative et ou thérapeutique. De plus le mot thérapeute est souvent galvaudé, ce qui ne favorise pas sa clarté. Comment le public peut-il s’y retrouver si rien ne vient clarifier ces différents champs !

Un métier naît du terrain et devient un métier, dès lors que des compétences sont identifiées et indispensables à la réalisation de ce métier. Un métier garantit une responsabilité.

propos d'Isabelle Claude receuillis par Sandie pour le site : http://www.mediation-animale.org/